SOLENE ORTOLI
59 ème Edition du Salon de Montrouge / L'avantage du verre / Performance / 2015
Du 1er au 30 mai, à 10 reprises, j'ai demandé à un acteur ( Vincent Mignault ) de jouer un faux exposant.
Son espace de jeu ne se trouvait qu'à l'extérieur du salon de Montrouge mais cela était fait de manière à ce que l'installation soit totalement visible de l'intérieur du Salon. Pour intégrer le personnage au paysage, je lui ai installé un stand avec un parasol, un journal et une radio. Puis je me suis servi des grilles noires et du muret comme support pour poser une série de peintures fabriquées pour la performance. J'ai orienté les toiles vers l'intérieur du Salon afin qu'elles soient vues par les visiteurs. Pour aller dans le sens de la nature décomplexée du personnage, je souhaitais que l'on sente dans les toiles un travail plastique non abouti mais assumé.
J'avais donc demandé à l'acteur d'être tout à fait satisfait d'être là. Une dizaine de toiles sont donc exposées, signées d’un nom inventé pour ce faux exposant : "Marc Buvhare", le soir du vernissage puis à 10 reprises le temps du Salon.
A l'intérieur du Beffroi de Montrouge, et parce que j'ai pensé qu'il était nécessaire de créer une corrélation entre l'espace des visiteurs et l'espace que j'installais à l'extérieur, je me suis donnée le rôle de la cousine.
Lorsque les visiteurs du Salon s'arrêtaient devant l'enfilade de peintures, questionnés par le fait qu'elles soient derrière la vitre, je précisais alors que les oeuvres étaient celles de mon cousin, qu'il n'avait pas eu le temps d'envoyer son dossier à temps pour participer au concours, malheureusement, à cause d'une imprimante défectueuse. Mais qu'il avait tenu, tout de même, à exposer son travail. Puis en général, après avoir laissé la conversation en suspens, je précisais qu'il m'avait réquisitionnée pour communiquer sur son travail parce que j’étais dans le marketing. Puis que dans le cas où une des oeuvres les intéressait, j'avais les prix et quelques notes à leur lire.
Dans l’intimité des échanges que j’ai eu avec les visiteurs, il y a eu des moments de trouble. Je voyais à leur visage et à leur réaction qu’ils n’arrivaient pas à savoir s’il s’agissait d’une réalité ou d’une performance. De surcroit, ils ne savaient pas si j’étais la cousine ou alors la personne à l’initiative de la performance, ce qui n’est pas la même chose aux yeux des visiteurs du Salon de Montrouge. Parfois j'ai eu l'impression que ma performance frôlait la caméra cachée sauf que dans mon cas il n'y avait pas de caméra. Seule la double page dans le catalogue de l'exposition -expliquant ma démarche- pouvait clarifier le trouble.









